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Nous fêtons aujourd’hui la Présentation de Marie au Temple, son offrande à Dieu par ses parents, Saint Joachim et Sainte Anne. Le Missel de Don Lefèbvre nous explique l’instauration de cette fête. Le récit détaillé nous en est donné dans une spiritualité aussi touchante que profonde, par la visionnaire Anne-Catherine Emmerich.  

La Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie

Après avoir célébré le 8 septembre la Nativité de la Sainte Vierge, et quatre jours plus tard la fête du Saint Nom de Marie, qui lui fut imposé peu après sa naissance, le Cycle célèbre en ce jour la Présentation au Temple de cette enfant de bénédiction. Ces trois premières fêtes du Cycle Marial sont un écho du cycle Christologique qui célèbre de même la fête de la naissance de Jésus, le 25 décembre, l’imposition de son Saint Nom le 1er janvier et sa Présentation au Temple le 2 février. La fête de la Présentation de Marie repose sur une pieuse tradition qui tire son origine de deux  évangiles apocryphes dans lesquels il est rapporté que la Sainte Vierge fut présentée au Temple de Jérusalem à l’âge de trois ans, et qu’elle y vécut avec d’autres jeunes filles et les saintes femmes qui les dirigeaient. Dès le VIème siècle la fête de la Présentation existait en Orient. Grégoire  XI en entendit parler et l’introduisit  à Avignon en 1372 ; Sixte V le rendit obligatoire dans l’Église romaine en 1585, et Clément VIII l’éleva au rang de double majeur.

Du Missel Quotidien et Vespéral par Dom Gaspar Lefèbvre.

 Présentation de Marie dans le Temple

d’après les « Visions d’Anne-Catherine Emmerich sur la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de la Très Sainte Vierge », Tome III. Extrait. Ed. Téqui, 10ème édition, 1947. CHAPITRE XVIII

L’heure vint enfin où Marie devait être conduite au Temple. Le cortège était magnifique. Anne marchait en avant avec sa fille aînée et sa petite fille Marie de Cléophas ; puis venait la sainte enfant, en robe et manteau bleu de ciel, le cou et les bras ornés de couronnes et portant à la main un flambeau entouré de fleurs. A sa droite et à sa gauche, trois petites filles en robes blanches brodées d`or, avec des manteaux bleu clair, entourées de guirlandes de fleurs, portaient comme elle des flambeaux.  Venaient ensuite les autres vierges en habits de fête. Les femmes fermaient la marche.

Partout on se réjouissait à l’aspect de ce beau- cortège. Des honneurs lui étaient même rendus à la porte de plusieurs maisons. Marie avait, dans son air et ses manières, quelque chose de saint qui touchait profondément.

Quand le cortège fut au Seuil du Temple, les serviteurs ouvrirent une vaste et lourde porte qui brillait comme l’or, et sur laquelle étaient sculptés des têtes, des grappes de raisin et des bouquets d’épis. C’était la porte Dorée; cinquante marches y conduisaient. On voulut aider Marie à les franchir en lui prenant la main; elle refusa. Elle monta toute seule, du pas le plus ferme et avec un pieux enthousiasme.

La porte formait une arcade prolongée; Zacharie, Joachim et quelques prêtres l’y attendaient et l’y reçurent. Ensuite le cortège se divisa : les femmes et les enfants se rendirent au temple pour prier, Joachim et Zacharie allèrent au lieu du sacrifice. Dans une des salles, Marie fut encore questionnée par les prêtres; sa sagesse ravit de nouveau tout le monde. Puis les prêtres se retirèrent, et Anne revêtit sa fille du grand costume bleu violet, lui mit le manteau et le voile, et lui plaça la couronne sur la tête (1).

L`holocauste de Joachim brûlait déjà, quand Anne se rendit avec Marie et ses jeunes compagnes au parvis du Temple, dans l’endroit réservé aux femmes. Un mur surmonté d`une grille et percé d’une porte séparait ce lieu de l’autel des holocaustes. Du pied de ce mur, le parvis des femmes allait en montant, de sorte que, des places les plus éloignées, on pouvait entrevoir l’autel des holocaustes. Près de la porte se tenait Marie avec ses petites compagnes, et derrière elle Anne, avec plusieurs autres femmes parentes de l’enfant. Dans un coin du parvis se tenaient une troupe de jeunes garçons au service du temple. Ils étaient vêtus de blanc et jouaient de la flûte et de la harpe.

Le sacrifice achevé, on dresse devant cette porte un autel couvert auquel on montait par plusieurs degrés. Joachim partit avec Zacharie et un autre prêtre; tous trois se rendirent à l’autel : un prêtre et deux lévites s’y tenaient déjà debout avec des rouleaux et tout ce qu`il fallait pour écrire. Anne conduisit Marie devant l’autel. Elle s’agenouilla sur les degrés; alors Joachim et Anne étendirent leurs mains sur la tête de leur enfant; ils prononcèrent quelques paroles exprimant leur offrande, et les deux lévites écrivirent ce qu`ils disaient; en même temps le prêtre coupait quelques cheveux de l’enfant et les jetait sur un brasier; les jeunes filles chantaient le psaume XLIV : Eructavit cor meum verbum bonum, et les prêtres le psaume XLIX : Deus Deorum Domimus locutus est; les jeunes garçons les accompagnaient de leurs instruments.

Deux prêtres prirent alors Marie par la main, et la conduisirent par des degrés à une place élevée, située au milieu du mur qui séparait du saint du Temple le parvis des femmes. Ils placèrent la sainte enfant dans une sorte d’embrasure pratiquée dans la muraille; de là, elle avait vue sur le temple où paraissaient rangés plusieurs hommes consacrés sans doute au service des autels. Deux prêtres se tenaient de chaque côté de Marie, et sur les degrés plusieurs autres récitaient à haute voix des prières écrites sur des rouleaux. De l’autre côté du mur, un vieux prince des prêtres se tenait debout près d’un autel assez élevé : on pouvait voir du parvis la moitié de son corps; on le vit offrir de l’encens ; dont la fumée s’éleva et se répandit autour de Marie.

En même temps, une figure symbolique l’entoura et remplit le temple, qu’elle obscurcit comme une nuée. A la poitrine de Marie une auréole se montrait, sorte de vase de lumière qui portait la très sainte bénédiction et la promesse de Dieu. Cette auréole-paraissait comme englobée par l’arche de Noé, mais la tête de la Vierge dominait tout et resplendissait au-dessus. Cette arche devint ensuite l’arche d’alliance avec le temple a l’entour. Puis cette image disparut, et le calice de la sainte cène, sortant de l’auréole, se dessina peu à peu sur le sein de la Vierge; devant sa bouche paraissait en même temps un pain marqué d’une croix. Puis des rayons jaillissaient de tous côtes comme une couronne de lumière, et à l’extrémité des rayons plusieurs images exprimaient symboliquement tous les titres sous lesquels nos litanies nous apprennent à invoquer la Mère de Dieu. De ses deux épaules s’élevaient une branche d’o1ivier et une branche de cyprès ; derrière elle s’étalait un beau palmier, et les deux branches d`olivier et de cyprès montaient et se croisaient au-dessus du palmier. Dans les intervalles des palmes se voyaient tous les instruments de la passion de Jésus-Christ. Le Saint-Esprit, sous une forme ailée, qui tenait plus de l’homme que de la colombe, planait sur tout le tableau, et par-dessus encore le ciel semblait s’ouvrir, et l’on entrevoyait la Jérusalem céleste, la cité de Dieu avec ses palais, ses jardins et les futures demeures des élus. Tout y était plein d’anges, et la gloire qui environnait Marie était aussi toute remplie de têtes angéliques.

Qui pourrait rendre ces merveilles innombrables naissant les unes des autres et se succédant avec une variété infinie ? Tout ce que la loi ancienne et nouvelle, et l’éternité même, renferment sur Marie, parut dans cette vision (2). Je ne puis lui comparer que celle qui me fut accordée de l’admirable saint rosaire. Que de gens confiants dans leur science sont bien inférieurs, pour l’intelligence de cette belle dévotion, å de pauvres et humbles chrétiens qui le récitent avec simplicité! Combien ceux-ci n’en relèvent-ils pas l’éclat par leur obéissance, leur piété et leur humble confiance dans l’Eglise qui les conduit!

Pendant cette vision de la gloire de Marie, les magnificences du temple, ses murs si splendidement ornés ne s’offraient à moi que comme un fond terne et obscur; le temple disparut même complètement, perdu dans la gloire. Tandis que les destinées de la jeune Vierge se déroulaient à mes yeux dans ces apparitions, je ne la vis plus sous la forme d’une enfant, mais sous celle d’une Vierge grande et planant en Pair : je voyais pourtant à travers l’image, et les prêtres, et la fumée de l’holocauste et tout le reste : on eût dit que le prêtre placé derrière elle prophétisait; il paraissait inviter le peuple à rendre grâces et à prier, annonçant que cette enfant deviendrait quelque chose de grand. Tous ceux qui se trouvaient au temple étaient très recueillis et profondément émus, bien qu’ils ne vissent pas l’apparition. L’image disparut peu à peu comme elle s’était formée; à la fin je ne vis plus que l’auréole du cœur de Marie et l’éclat de la bénédiction de La promesse. Puis cette vision disparut aussi, et il ne demeura que l’enfant dans sa prière et debout entre les deux prêtres.

Les prêtres prirent alors les couronnes qu’elle portait aux bras et le flambeau qu’elle tenait à la main, et les donnèrent à ses compagnes. Ils couvrirent sa tête d’un voile brun, lui firent descendre les degrés et la conduisirent dans une salle voisine où six vierges du temple s’avancèrent au-devant d’elle en jetant des fleurs. Là se trouvaient Noémi, sœur de la mère de Lazare, la prophétesse Anne et une troisième femme, ses maîtresses futures. Les prêtres remirent l’enfant entre leurs mains et se retirèrent. Joachim, Anne et les plus proches parents de la petite Vierge étaient près d’elle. On chanta un dernier hymne, et Marie prit congé de toute sa famille. Joachim était plus ému que tous les autres : il prit sa fille entre ses bras et la pressa contre son cœur. « Souviens-toi de mon âme devant Dieu ››, lui dit-il d’une voix entrecoupée par les larmes. Enfin Marie se rendit, avec ses maîtresses et les jeunes filles, dans le lieu assigné au logement des femmes : c’étaient des pièces pratiquées dans les gros murs du temple, et l’on pouvait, par des passages et des escaliers, monter à. des oratoires, à côté du Saint et même du Saint des saints. Les parents de Marie retournèrent alors à la salle voisine de la porte Dorée, où ils prirent un repas avec les prêtres.

Dieu avait lui-même pris soin de l’éclat et de la solennité de la fête; des révélations avaient été faites. Du reste, les parents de Marie étaient dans une belle aisance; s`ils vivaient pauvrement, ce n’était que pour se mortifier et trouver le moyen de faire plus d’aumônes. C’est ainsi qu’Anne, pendant un temps considérable, ne prit à ses repas que des aliments froids. Mais ils traitaient fort bien leurs gens, et prenaient soin de les doter quand ils se mariaient. Parmi tous ceux qui priaient au temple, un grand nombre avait suivi le cortège et l’accompagnait a la porte. Il semblait que plusieurs eussent un pressentiment des hautes destinées de la petite Vierge. Sainte Anne, ravie, s’était écriée devant quelques femmes: « Voici l’arche d’alliance, le vase de la promesse qui entre dans le temple.» Le père, la mère et les autres parents de Marie retournèrent ce jour même à Béthoron.

Chez les vierges du temple la fête continuait encore. Marie dut demander à toutes les maîtresses et à toutes les jeunes filles successivement, si elles consentaient à la souffrir parmi elles. Ainsi le voulaient les usages du temple. Les jeunes filles prirent ensuite un repas, et l’on termina par la musique et les danses. Le soir, Noémi, l’une des maîtresses, conduisit La sainte Vierge dans sa petite chambre, qui avait vue sur le temple. Il y avait une petite table, un escabeau et une étagère à chaque coin de la cellule. Marie exprima son désir de se lever plusieurs fois chaque nuit, mais Noémi ne le lui permit point encore.

Note (1). Il est à remarquer que le tabernacle de Moïse avait des couvertures de fête de trois espèces, dont celle de dessous, qui était la plus belle, était bleue et rouge. Il y avait encore par-dessus une quatrième couverture plus grossière. De même aussi la très sainte Vierge, dont le tabernacle de l’alliance était la figure, avait, outre ses trois habits de fête, un habillement de tous les jours. Ces trois vêtements de Marie, comme les trois couvertures du tabernacle, indiquaient aussi les trois degrés de la vie spirituelle et des vertus.

Note (2). Ce tableau exprime l’enchaînement des mystères chrétiens qui se sont réalisés par l’intermédiaire de Marie. D’abord, la sainte Vierge préparée par le règne des figures, telle que l’arche de Noé, l’arche d’alliance et le temple. Puis Marie devenant elle-même le temple dans lequel le Verbe doit s’incarner. Enfin, la mère de Dieu donnant naissance, par Jésus-Christ, aux mystères de la Rédemption et de l’Eucharistie, qui nous ouvrent le Ciel : voilà tout ce que contient et prépare l’oblation que Marie fait ici d’elle-même à Dieu.

Suit le chapitre XIX : « Vie de la Sainte Vierge au temple »…

 

 

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