« Je suis la Voie, la Vérité, la Vie »

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Je rends aujourd’hui publique une lettre que j’ai adressée, en novembre 2021, à tous les Évêques et Prêtres non una cum (France et étranger) ayant choisi de ne pas appliquer les dernières dispositions de l’Église en matière de liturgie en 1955. Cette lettre a été également envoyée en copie à tous les autres Prêtres non una cum connus de moi. Je la mets aujourd’hui à la disposition de tous car elle pose les termes d’un problème important qui n’est, hélas ! toujours pas résolu aujourd’hui et qui trouble de nombreux Fidèles Catholiques non una cum.

La première partie de la lettre retrace le parcours personnel (où beaucoup, parmi les plus âgés, se retrouveront) qui m’a conduite jusqu’à ce problème. Je prie de lecteur d’excuser la longueur de cette partie autobiographique.

La deuxième partie est une analyse pratique de cette question cruciale : « Un Catholique peut-il se dispenser d’obéir au Pape ? », question rendue « incontournable » puisque la plupart des Prêtres non una cum, champions de l’infaillibilité de l’Église, se dispensent d’appliquer dans certains cas des mesures décidées par l’Église. Ces Prêtres se trouvent, ainsi que leurs Fidèles, en contradiction avec eux-mêmes et avec les préceptes fondamentaux de l’Eglise. Cela est-il acceptable ?

M.-J. Tanturri

 

Marie-José TANTURRI à Messeigneurs, DOLAN, SANBORN, STUYVER, Messieurs les Abbés DUTERTRE, GROSSIN, de LA CHANONIE, Jocelyn LE GAL, MARCHISET, RICOSSA, RIOULT, ROGER, ZINS ; Pères HECQUARD, JACQUES DE SAINT-JOSEPH ;
et, pour information, Messeigneurs et Messieurs les Prêtres catholiques non una cum appliquant la liturgie de Pie XII.

Juziers, le 27 novembre 2021, Fête de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse.

 

Messeigneurs, Messieurs les Abbés et Prêtres catholiques non una cum n’appliquant pas la liturgie de Saint Pie XII,

Les lignes qui suivent sont dictées par mon amour de la Vérité, de l’Église et de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui guide ma vie. S’il était démontré qu’elles sont mal fondées, j’en ferais amende honorable.

Au printemps 2021, j’eus un premier contact avec certains d’entre vous, Messieurs, au sujet du refus d’appliquer les décisions prises sous Pie XII en matière de liturgie. Je souhaite présenter ici le témoignage et la requête d’une simple fidèle qui ne saurait vivre en paix avec le Bon Dieu si elle gardait sous silence ce qui lui paraît devoir être dit.

Qu’on me pardonne de commencer par des éléments de biographie.

PARTIE I

Révolution moderniste.

Baptisée très tôt, mon enfance, ma jeunesse, puis toute la première partie de ma vie d’adulte se sont passées cependant, au point de vue spirituel, dans l’ignorance, dans de vagues interrogations existentielles et une pratique religieuse très superficielle.

En 1965 (j’avais 21 ans) ce fut la fin du funeste Vatican II qui ouvrit les vannes de l’esprit de permissivité dans la société, aboutit au déferlement de mai 1968 et au dérèglement général des mœurs.

Quand la messe changea, on nous expliqua qu’elle serait dite désormais en français, sur une table placée à l’entrée du chœur, que des livres nouveaux remplaceraient nos missels, et que nous chanterions de nouveaux cantiques. Les fidèles obtempérèrent. Mes habitudes religieuses se relâchèrent totalement.

 

Erreur lefèbvriste.

Vingt ans passèrent. Un jour, j’appris que la messe « ancienne », pour laquelle je gardais une certaine nostalgie, existait encore. A Mantes-la-Jolie, à quelques kilomètres de chez moi, je découvris un groupe de catholiques traditionalistes de la Fraternité Saint Pie X et me joignis à eux. Je participai au pèlerinage de Chartres où un Père Capucin de Morgon, recueillit ma confession, me conduisit à une véritable conversion. Monsieur l’Abbé BOUBEE, alors Prieur de la FSSPX à Mantes, prit le relai, et m’aida à placer ma vie dans les rails chrétiens. La Fraternité m’a sauvée spirituellement

Dirigée et enseignée par la Fraternité, installée dans une confortable confiance, je laissai passer beaucoup de temps.

Quand Benoît XVI fut élu en 2005, ce fut une immense vague d’espoir parmi les fidèles de la Fraternité. Nous avions un pape de qui, enfin, espérer être compris.

En 2008 seulement, ne voyant venir du Vatican aucune amélioration envers les Traditionalistes, dans le but de comprendre ce « pape », je lus attentivement son ouvrage au titre troublant « Voici quel est notre Dieu ». Toutes imprégnées de relativisme, ces pages, à « géométrie variable », me laissèrent perplexe et scandalisée. En 2009, je lus et analysai soigneusement, dès sa parution, l’encyclique « Caritas in Veritate ». La progression du raisonnement, les arguments, les procédés de persuasion, les sous-entendus, les omissions, le vocabulaire… tout était déroutant dans ce texte entièrement conçu pour imposer une idée : celle de la nécessité d’un gouvernement mondial qui serait doté des moyens de se faire obéir. Ce fut un moment très douloureux pour moi. Je compris me trouver en présence d’un esprit manipulateur, un allié du monde, un agent du camp d’en face. Je compris avec stupeur que ce « pape » n’était pas le vicaire du Christ, mais son adversaire. Or, à la Fraternité, cet homme était bien considéré comme l’authentique chef de l’Église. Pourtant, le vicaire du Christ ne peut être l’ennemi du Christ. Dès lors, je ne me trouvai plus en accord avec la FSSPX. La lecture de Caritas in Veritate me conduisit à étudier les arguments de la position sédévacantiste.

Autant la lecture de Benoît XVI m’avait été pénible, autant la compréhension du dogme de l’infaillibilité pontificale, m’emplit d’émerveillement. Ce fut une véritable révélation. L’Église est sainte, comme Notre-Seigneur Lui-même, je savais cela. Mais j’ignorais qu’elle est aussi, tout comme Lui, par Lui, et par son Vicaire, infaillible dans ce qu’elle enseigne et ordonne pour la direction des âmes. J’ignorais que Notre-Seigneur, pour ce faire, a promis, et donc assure, à son vicaire, son assistance divine de chaque instant, et ce, jusqu’à la fin des temps. J’ignorais que le pape ne peut errer en matière de Foi, même s’il le voulait, ceci par engagement de Notre-Seigneur Lui-même. Je découvris la vraie sainteté, la force et la pureté de l’Église et j’en ressentis – et en ressens toujours – un très grand bonheur.

Pendant vingt-cinq ans, jusqu’en décembre 2011, j’avais appris beaucoup de choses à la FSSPX, mais pas cela ! J’avais été habituée à voir déconsidérer les « sédévac ». On les traitait comme des égarés, des pestiférés spirituels, qu’il ne faut pas fréquenter sous peine d’être mis au ban du groupe, les fidèles assurant eux-mêmes cette police implicite. A la Fraternité, on affirme et on enseigne que le pape n’engage son infaillibilité qu’à de très rares occasions. On enseigne que le pape peut se tromper, beaucoup se tromper. On enseigne le fameux « devoir de désobéissance » au pape. Désobéir devient un engagement héroïque, une sorte comportement martyre en défense de la Foi. Pour enseigner cela, la Fraternité propage des falsifications de l’histoire et du dogme. Les fidèles, sans méfiance, se laissent tromper.

Sauvée par la FSSPX, j’ai été en même temps égarée par elle pendant 25 ans.

 

 Ce que j’ai appris

 L’Église

 Outre les affirmations du Credo, il m’aura fallu beaucoup de temps pour posséder les magnifiques certitudes suivantes.

L’Église est sainte de la sainteté même de Jésus-Christ son maître.

L’Église n’est ni malade, ni en crise, mais elle est persécutée et rendue méconnaissable par les coups et les injures, tout comme le fut son Divin Maître sur le chemin du Calvaire.

L’Église est assistée de Jésus-Christ à tout moment et jusqu’à la fin des temps.

L’Église, en la personne de son chef terrestre, est infaillible lorsqu’elle conduit et enseigne le troupeau en matière de foi et de mœurs.

Obéir à l’Église, c’est obéir à Jésus-Christ, et réciproquement. Il n’y pas d’exception.

Comme il n’y a qu’un seul Christ, il n’y a qu‘une seule Église.

L’Église est seule maîtresse de vérité tout comme le Christ est la Vérité même.

Les Evêques, par leur union au successeur de Pierre, sont investis de l’infaillibilité de Pierre.

Appartiennent à l’Église, c’est-à-dire à Jésus-Christ, tous ceux qui lui obéissent en actes et en esprit.

Hors de l’Église, c’est-à-dire hors de Jésus-Christ, le salut éternel est impossible.

L’Église est immortelle.

L’obéissance due à Jésus-Christ, celle due au pape et celle due à l’Église sont une seule et même obéissance.

Je crois dans l’enseignement de Notre-Seigneur au sujet du malin et des fins dernières. Je crois dans le combat décrit par Saint Jean dans l’Apocalypse. Je crois dans les avertissements exprimés par Notre-Dame à La Salette, à Fatima. Je crois que Dieu tient les démons en laisse serrée, ne leur permettant que des attaques strictement mesurées. Je me sais dans la main de Dieu, mon Créateur, mon Père, qui m’aime, me protège et me tient en vie.

 

L’adversaire de l’Église

Il m’aura fallu beaucoup de temps également pour comprendre comment se déroule le combat de la Foi sur terre, et pour comprendre comment s’y prend le démon pour arracher les âmes à leur Créateur.

Il y a des procédés constants dans les agissements du démon, en particulier dans ses agressions contre l’Église.

Les fidèles sont sensibilisés aux attaques du démon contre leur âme , par la méthode de Saint Ignace, lors des retraites. Mais rien ne les prépare à se méfier de l’action du démon contre les collectivités.

De même, le combat exorciste que doivent mener les prêtres ainsi que les fidèles est complètement ignoré.

Or, le démon est patient. Le démon prend le temps nécessaire. Son action se poursuit son par-dessus les générations. Il rôde sans cesse autour de nous. Nous sommes avertis de cela. Il frappe de façon fulgurante. Le démon ment, ruse, cultive l’ambiguïté, falsifie, impressionne, bluffe, effraie, séduit, rassure, enferme, attache, emprisonne.

Contre l’Église en ordre, le démon divise. Il divise le plus haut possible, à la tête. Le démon se trouve des complices, des « taupes », qu’il place également le plus haut possible.

Il entre dans les esprits des meilleurs par les failles les plus imperceptibles, par les vanités secrètes, les particularismes, les éruditions excessives, les imaginations, les secrets désirs d’indépendance.

 

 Troisième déconvenue.

 

 Débuts sédévacantistes.

 Courant 2011, toujours attachée à la FSSPX, je tentai d’évoquer le dogme de l’infaillibilité papale autour de moi à Mantes : auprès des prêtres du prieuré Saint Jean et auprès de divers fidèles. Je pris contact avec l’IMBC à Paris. Monsieur l’Abbé LE GAL m’aida à mettre au point une compilation des articles parus dans Sodalitium concernant l’infaillibilité pontificale, et j’en fis une épaisse brochure que je distribuai largement aux prêtres et aux fidèles du Prieuré de Mantes. Ce fut sans aucun succès. J’eus de difficiles entretiens avec les prêtres. Ceux-ci m’opposèrent les arguments connus : Honorius, Libère et même Saint Pierre ! Ils dirent que le spectacle de désordre, de discorde, offert par le camp sédévacantiste n’était pas un gage de crédibilité. Mais il n’y eut pas d’argumentation de fond. Je ne rencontrai que de l’inertie. Personne ne répondit au document que j’avais distribué. Personne ne se fit l’avocat de la merveilleuse, évidente, infaillibilité du Vicaire du Christ, ni de la pureté de l’Église, toute à l’image de celle de la Sainte Vierge elle-même.

Je cessai d’assister à la messe à la Fraternité à Mantes, et me rendis à celle assurée par l’Institut Mater Boni Consilii, à Paris, où m’accueillit Monsieur l’Abbé LE GAL, en janvier 2012. Je retrouvai à l’IMBC la sécurité spirituelle que je n’avais plus à la Fraternité.

Mes relations avec la FSSPX ne furent pas complètement coupées. Je continuai, pendant deux ans, à enseigner le catéchisme aux enfants. Et aujourd’hui je participe toujours à l’œuvre de la « Militia Mariae » de la FSSPX. En effet, je crois devoir rester fidèle à cette action d’apostolat catholique qui est placée sous le patronage de la Sainte Vierge. Je ne voudrais pas déplaire à la Sainte Vierge en abandonnant cette action agréée par elle. Et de plus, ces contacts avec la FSSPX me permettent de défendre la position sédévacantiste chaque fois qu’on s’aventure devant moi à évoquer quelque sujet qui s’y rapporte.

Bien me prit d’être restée liée à la Militia Mariae de Mantes. En 2017, la direction de la Militia voulut ouvrir un site internet d’instruction religieuse. Elle fit appel au volontariat des laïcs pour la rédaction des articles à publier sur le site, proposant un éventail de sujets apologétiques. Je décidai de répondre à cet appel et choisis de rédiger les articles concernant le pape et la papauté. Je voulais ne pas manquer cette occasion de défendre le dogme de l’infaillibilité. Je dus me documenter sérieusement et lus différents ouvrages de base, en particulier les auteurs du XIXème siècle. Je mis au point six courts articles, essentiellement constitués de citations des Écritures Saintes, des Pères, des Docteurs, des grands auteurs catholiques. L’aboutissement de ces articles était cette notion qui devrait mettre tout le monde d’accord : « On reconnaît un catholique à ce qu’il obéit au pape. ». La FSSPX ne publia pas ces articles. Mais ma conscience était tranquille. Et j’en tirai un grand avantage personnel. Grâce à ce travail de rédaction, je compris encore mieux la personnalité et la sainteté de l’Église, qui m’apparut sous l’image d’un splendide édifice, d’une limpidité et d’une pureté parfaites, destinée à traverser le temps, protégé de toute imperfection par son Divin Maître. Je compris pourquoi l’Église et la Sainte Vierge sont assimilées l’une à l’autre dans les Ecritures. J’étais émerveillée, et le suis toujours. J’ai pour l’Église elle une admiration éperdue et la chéris dans mon cœur.

 

Nouvelle alerte.

Des années passèrent. Quelques temps avant Pâques 2021, j’entendis déclarer, à propos du Triduum pascal « Nous avons préféré adopter la liturgie en vigueur sous Saint Pie X… ». Quelque chose me mit en alerte. Dans l’Église catholique, est-ce que l’on « « préfère une liturgie plutôt qu’une autre ? Est-ce qu’on « choisit » sa liturgie ? Chez les modernistes, qui font toutes sorte d’expériences, il est habituel de « choisir », oui, mais chez nous, c’est nouveau, c’est vraiment bizarre. D’où tient-on ce droit ? Pour justifier ce choix, le prêtre donna des conseils de lecture. Je suivis ces conseils et lus la brochure de M. l’Abbé RICOSSA et l’opuscule de M. l’Abbé RIOULT à ce sujet. Puis je lus les ouvrages de feu Messieurs les Abbés BONNETERRE et CEKADA, je lus et écoutais conférences, articles et entretiens à ce sujet publiés par Mgrs DOLAN, SANBORN, MM les Abbés DUTERTRE, MARCHISET, RICOSSA, RIOULT, ZINS et diverses conversations privées.

Et alors je me trouvai, encore une fois, plongée dans la consternation.

Car je découvris à nouveau un problème important.

Voici la formulation que j’en donnerai.

 

PARTIE II

Le problème aujourd’hui

Il arrive parfois « qu’un arbre cache une forêt… ». Mais ici, nous avons « une forêt qui cache un arbre… ». La forêt, c’est l’énumération détaillée de tous les changements touchant la liturgie depuis Pie XII jusqu’à Paul VI (et qu’énumèrent avec force détails les ouvrages cités plus haut).

L’arbre caché, par cette forêt, ce n’est rien moins que l’AUTORITE DE L’ÉGLISE !

En effet, toutes les modifications liturgiques depuis Pie XII jusqu’à Paul VI sont présentées comme un bloc conduisant à la destruction de la messe. On peut voir les choses comme ça, bien sûr. Mais cette présentation masque un élément important.

Jusqu’au 9 octobre 1958, jour de la mort de Pie XII, le Christ possédait un vicaire sur terre en la personne de ce pontife. Mais ensuite, Jean XIII, Paul VI (et suivants) ayant œuvré à la démolition de l’Église du Christ, il est devenu impossible de voir en eux les vicaires du Christ.

Le Christ a doté son vicaire du charisme de l’infaillibilité (qui s’exerce à certaines conditions connues).

On peut donc être sûr que jusqu’au 9 octobre 1958 les décisions prises ex cathedra par un vrai pape sont couvertes par l’infaillibilité pontificale. A partir du 10 octobre 1958, ce n’est plus le cas. En effet, étant donné qu’il est impossible de voir en Jean XIII, Paul VI (et suivants) les authentiques vicaires du Christ, ceci signifie que les décisions prises par eux ne sont pas couvertes par l’infaillibilité, bien sûr.

Ce principe appliqué aux modifications liturgiques fait que les modifications qui sont présentées en bloc depuis Pie XII inclus jusqu’aujourd’hui doivent, exigent d’être considérées en deux parties distinctes : les modifications jusqu’à Pie XII inclus d’une part, et d’autre part celles adoptées à partir de Jean XXIII.

Jusqu’à pie XII, il est certain que les modifications liturgiques sont couvertes par l’infaillibilité pontificale. Elles sont valides, infaillibles, d’application obligatoire. Ne pas les appliquer serait fautif.

Les autres modifications, celles prises à partir de 1958 et jusqu’à ce jour, ne sont pas couvertes par l’infaillibilité. On sait qu’elles sont le fait d’usurpateurs, de démolisseurs de l’Église. Il serait fautif de les appliquer.

 

Alors, comment, le dilemme suivant se trouve-t-il traité ?

A  On ne nie pas la valeur des modifications prises par Pie XII.

B  On ne nie pas qu’elles soient couvertes par l’infaillibilité pontificale.

C  Mais on refuse de les appliquer !

 

En répondre à cette question, voici les motifs invoqués, selon les auteurs (cités plus haut).

1 Les mesures prises par Pie XII n’étaient pas réellement de lui.

2 Les mesures ont été pensées et voulues par un traître (Mgr BUGNINI).

3 Les mesures prises par Pie XII

font partie « du processus de destruction de la liturgie sacrée ».

4 Pie XII est mort, on n’a plus à lui obéir.

5 Pie XII était de caractère faible, il ignorait ce qui se passait.

6 Les mesures prises par Pie XII n’ayant pas été appliquées, et ayant été tout de suite remplacées par d’autres, sont donc caduques.

7 Une loi, pas mauvaise en soi, peut devenir mauvaise en fonction des circonstances.

8 Infaillibilité ne signifie pas obéissance, l’infaillibilité s’applique aux enseignements.

9 Justification par l’epikie.

 

Or, ces motifs ne tiennent pas, ni pris un par un, ni considérés tous ensemble.

Citons cette déclaration : « Il ne fait aucun doute pour nous : si nous venions à penser que Paul VI et ses successeurs étaient réellement Papes, nous nous soumettrions à l’instant même à leurs décisions, quelles qu’elles soient… ». Ce propos d’un prêtre catholique non una cum exprime un engagement de soumission à la papauté, qui est tout à fait normal. Car un catholique se reconnaît précisément à ce qu’il obéit au pape. Mais alors, sachant que Pie XII était pape (ce que personne ne conteste), à quel titre ce prêtre lui refuse-t-il obéissance ?

Comment est-il possible, en restant d’esprit catholique, de ne pas prendre en compte une décision de l’Église, une décision du pape, du dernier vrai pape, une décision qui n’a été infirmée ou changée ultérieurement par aucun autre vrai pape ? Dans les ouvrages, plaquettes, articles, conférences et entretiens, où trouve-t-on une analyse correcte de ce problème pourtant réel et important ? Sauf erreur : nulle part. Le problème n’est pas analysé, semble-t-il. Il est seulement effleuré ça et là, et évacué. A travers les divers propos, il en est comme si la question de l’obéissance à Pie XII ne se posait pas. Comme si le refus d’obéissance allait de soi. Pour exemple : cette question posée par écrit : « Monsieur l’Abbé, de quelle autorité vous prévalez-vous pour prendre cette décision de ne pas appliquer la liturgie décidée en 1955 ? », qui obtint cette réponse d’une incroyable désinvolture : « Aucune. ». Débrouillons-nous avec ça… Est-ce sérieux ? Est-ce honnête ?

Pour exemple encore, les qualificatifs injurieux attribués aux fidèles qui manifestent le même étonnement.

En recherche de légitimité, on déclare sans ambages : « …d’ailleurs nous sommes tous d’accord… », ajoutant : « c’est la preuve que le Saint-Esprit nous approuve… ».

Ces propos laissent rêveur. Il faut répondre. D’une part les prêtres qui n’obéissent pas à Pie XII ne constituent pas du tout l’ensemble des prêtres non una cum, loin s’en faut. En France, certaines communautés non una cum et non des moindres [NDLA. Depuis le décès de Monsieur l’Abbé GUÉPIN, ce nombre s’est réduit] se conforment à la liturgie décidée en 1955. Donc, soit on est vraiment très, très mal informé (ce que je ne crois pas), soit, avec une grande légèreté, on prend ses désirs pour des réalités. Deuxièmement, ce même prêtre, affirmant être en accord avec « tous les autres », y voit un signe d’approbation du Saint-Esprit. Alors là, il faut qu’on m’explique. L’unanimité des hommes comme preuve d’assentiment du Saint-Esprit, on ne voit pas ça souvent dans les Ecritures… Que les fidèles ne se laissent pas impressionner par des affirmations aussi extravagantes. C’est de la tentation gallicane à l’état pur.

 

Examinons donc les arguments.

 

AFFIRMATION 1 : Les mesures prises par Pie XII n’étaient pas réellement de lui, par exemple la nouvelle Semaine Sainte.

REPONSE

 Il n’est pas interdit à un Pape de proposer ou d’imposer des modifications de la liturgie. Et, pour cela, il ne lui est pas interdit de prendre en compte le travail de conseillers divers.

Il n’était pas dans les habitudes de Pie XII de s’engager personnellement, et encore moins d’engager son autorité pontificale sur des textes et des décisions dont il n’aurait pas été le premier maître d’œuvre ou bien qu’il n’aurait pas complètement agrées. Pie XII était un géant de travail, un géant de probité, un géant de science religieuse.

Les mesures prises en 1955 et 1958, par exemple la nouvelle Semaine Sainte, sont dans la logique des préconisations exprimées par Pie XII dans Mediator Dei et en sont l’expression concrète. D’autre part, elles n’outrepassent pas les mises en garde exprimées dans cette même encyclique. Le Pape a veillé à cela. Le Pape est cohérent avec lui-même. Il est erroné d’affirmer que les mesures prises par Pie XII ne sont pas réellement de lui.

 

 

 

AFFIRMATION 2 : Les mesures ont été pensées et voulues par un traître

(Mgr BUGNINI).

 REPONSE

 Si Mgr BUGNINI s’est révélé être un traître (franc-maçon ayant œuvré contre l’Église par le bouleversement de la messe), cela ne signifie pas que ses premières menées fussent intrinsèquement mauvaises, c’est à dire incompatibles avec les intérêts de l’Église et le bien des âmes.

L’Abbé CEKADA indique que de nombreuses pratiques de la nouvelle Messe furent introduites par petits morceaux entre 1948 et 1962.

Or, Pie XII, fut un strict défenseur de l’orthodoxie catholique. Il a opposé aux suggestions et aux pressions modernistes des limites et des interdictions précises. Ses décisions de Pape furent garanties par l’infaillibilité pontificale.

Que certaines fussent inspirées par un traitre, et qu’elles se retrouvassent ensuite dans la nouvelle messe ne change rien au fait que ce qui a été décidé jusqu’en 1958 ne peut être mauvais. On oublie trop que les décisions prises par Pie XII furent, à un degré que Dieu connaît, inspirées par Dieu Lui-même et voulues par Lui, car elles sont avalisées par le Saint-Esprit. S’il a plu à Dieu de se servir de BUGNINI nous devons nous incliner en confiance et sans discuter pour tout ce qui a été décidé jusqu’en 1958.

 

 

AFFIRMATION 3 : Les mesures prises par Pie XII font partie « du processus de destruction de la liturgie sacrée ».

 REPONSE

 Tout d’abord, évacuons cette injurieuse formulation qui fait porter au Pape et, de fait, au Saint-Esprit Lui-même, la responsabilité de la destruction de la liturgie.

Ensuite, redisons que les mesures prises jusqu’en 1958 ne sont intrinsèquement pas mauvaises. Elles ne sont pas destructrices de la liturgie. Citons l’Abbé BONNETERRE : « Pour conclure cette trop rapide étude des réformes liturgiques du Pape Pie XII, nous avons le devoir de rappeler leur parfaite orthodoxie, garantie par celle de celui qui les a promulguées. ».

Mais m’Abbé poursuit : « … mais il nous faut reconnaître aussi qu’elles constituent, pour les raisons que nous avons expliquées, les premières étapes de «l’autodémolition» de la liturgie romaine. »

Ainsi, des mesures « parfaitement orthodoxes » (intrinsèquement) prises par le Pape, constituraient en même temps des mesures d’autodémolition. C’est incohérent.

Répondons premièrement que la validité de ces mesures n’est pas garantie par la sainteté de celui qui les a promulguées (on n’est pas très au fait du dogme de l’infaillibilité pontificale à la FSSPX dont l’Abbé faisait partie), mais elle l’est par l’assistance du Saint-Esprit garantie au Pape à cette occasion.

Deuxièmement, l’autodémolition eut lieu après PieXII et non pendant son pontificat. Cette autodémolition ne se serait sûrement pas produite si un vrai Pape avait été élu à sa suite, et les mesures prises sous Pie XII auraient sans doute pris une tout autre leur valeur.

 

 

AFFIRMATION 4 : Pie XII est mort, on n’a plus à lui obéir.

 REPONSE

 Les décisions en matière de liturgie prises par le dernier vrai Pape et sous assistance du Saint-Esprit, n’ayant été infailliblement remplacées par aucune autre prise par aucun vrai Pape, personne n’a le droit de les changer (sauf epikie), elles continuent de s’appliquer.

En outre, le Pape redéfinit fermement, dans Mediator Dei, l’impératif d’obéissance qui s’applique à tous. Citons : « Il est nécessaire avant tout de veiller à ce que tous obéissent, avec le respect et la foi qui leur sont dus, aux décrets publiés par le concile de Trente, les pontifes romains, la Sacrée Congrégation des Rites et à tout ce que les livres liturgiques ont fixé au sujet de l’action extérieure du culte public ». C’est là un ordre du Pape, de l’Église et du Saint-Esprit qui n’est pas prévu être caduque à la mort du Pape ! « Tous » : cela inclut non seulement les contemporains de l’encyclique mais tout le monde jusqu’aujourd’hui. De quelle autorité s’autorise-t-on à le contourner ?

 

AFFIRMATION 5 : Pie XII était de caractère faible, il ignorait ce qui se passait.

 REPONSE

 Ces remarques concernant le caractère de Pie XII dans les divers écrits et déclarations que j’ai cités plus haut, sont outrageantes à son égard. Elles constituent un déni de la réalité.

Avilir l’image de Pie XII afin d’échapper à la soumission qui lui est due est une manœuvre honteuse.

Les auteurs des jugements négatifs sur Pie XII révèlent ainsi leurs propres insuffisances : superficialité des connaissances historiques ; absence de finesse d’esprit ; absence de perspicacité psychologique ; absence d’amour filial dû au Saint Père ; goût effréné d’indépendance ; absence de charité ; absence d’éducation ; absence d’intelligence ; absence de loyauté.

Bien mal connu et bien mal compris de ceux qui devraient au contraire lui être le plus attachés, Pie XII, fut au plus haut niveau un soldat, un père, un gardien de la Foi. C’était en outre un homme courtois, bienveillant, et bien élevé, qualités méconnues aujourd’hui au point qu’elles sont prises pour de la faiblesse.

Quoi qu’il en soit, les particularités de caractère d’un Pape ne justifient pas qu’on échappe au devoir de lui obéir.

Enfin, Pie XII n’ignorait pas ce qui se passait. Les réunions clandestines ne lui étaient peut-être pas connues, mais il était tout à fait averti des fortes et dangereuse tendances réformatrices qui voulaient se faire jour.

 

 

AFFIRMATION 6 : Les mesures prises par Pie XII n’ayant pas été appliquées, et ayant été tout de suite remplacées par d’autres, sont donc caduques.

 REPONSE

 L’application des mesures prises par Pie XII a été de courte durée, peut-être. Mais elle a eu lieu.

Ces mesures n’ont pas été validement remplacées par d’autres puisque les décisions prises après le dernier vrai Pape, par ses pseudo-successeurs, ne valent pas. Les dernières mesures régulièrement en vigueur sont celles prises sous Pie XII.

 

 

AFFIRMATION 7 : Une loi, pas mauvaise en soi, peut devenir mauvaise en fonction des circonstances.

 REPONSE

Certes.

Reste à prouver, prises méthodiquement une par une, avec la date de leur promulgation, en quoi les différentes mesures prises par Pie XII serait mauvaises aujourd’hui, c’est-à-dire nuisible au salut des âmes.

Aucun effet négatif de ces mesures n’est à constater aujourd’hui dans les lieux de culte non una cum qui les appliquent. Donc la loi n’est pas devenue mauvaise a posteriori.

 

 

AFFIRMATION 8 : Infaillibilité ne signifie pas obéissance, l’infaillibilité s’applique aux enseignements.

 REPONSE

 Citation d’un Abbé non una cum (appliquant Saint Pie X) :

« L’Église ne peut se contredire dans son enseignement quand elle parle de la foi et de la morale (infaillibilité dogmatique), l’Église ne peut rien donner de mauvais aux fidèles, dans la liturgie notamment (infaillibilité pratique). Nous ne prendrons qu’un exemple très simple à comprendre : le plus grand des docteurs de l’Église (pour cela on l’appelle le “docteur commun”, qu’on peut tous suivre communément), saint Thomas d’Aquin (1225-1274) enseigne que le simple fait que l’Église accepte un rite liturgique dans les sacrements nous garantit que ce rite liturgique est efficace (il fait venir la grâce), bon pour nos âmes, sanctifiant. »

 

L’infaillibilité pontificale va au-delà des enseignements, elle est aussi pratique et englobe les décisions relatives à la liturgie.

 

AFFIRMATION 9 : L’epikie.

REPONSE

 

L’epikie est la transgression d’une loi ou d’un ordre, rendue légitime par une situation d’urgence. Exemple cité : les enfants à qui leur mère a ordonné de ne pas sortir de la maison pendant son absence, et qui sortent quand même, la maison étant en flammes.

Or, l’on invoque l’epikie pour justifier le refus d’obéir aux décisions de Pie XII en matière de liturgie.

Le recours à cet argument est étonnant. Pour deux raisons.

Première raison.

Il est clair et reconnu que les décisions de Pie XII ne sont pas mauvaises en soi, c’est-à-dire qu’elles ne mettent ni l’Église ni les âmes en danger. Ceci signifie que « la maison ne brûle pas ». On ne peut donc invoquer la situation d’urgence pour ce qui est des décisions prises par Pie XII. D’ailleurs, partout où les décisions de Pie XII sont appliquées, ça se passe bien. L’epikie ne s’applique donc pas à la situation.

Deuxième raison.

Nulle part on ne trouve vraiment analysé le devoir d’obéissance au Pape. Il n’est évoqué que pour être nié. Ce devoir semble présent dans les esprits mais il se trouve furtivement évacué. De même, la nécessité de désobéir, posée comme un postulat, n’est nullement démontrée. Car l’énumération des changements affectant la liturgie jusqu’en 1958 ne s’accompagne pas de la démonstration de leur nocivité. Le centre du problème est pourtant là : dans le refus d’obéir au Pape.

Il existe donc des « catholiques traditionalistes non una cum non obéissants ». Mais « non obéissant » et « catholique » sont des termes incompatibles, l’un des deux est de trop… alors ? Grave question.

 

 

CONCLUSION : NOUS SOMMES DEVANT UN REFUS D’OBEISSANCE NON JUSTIFIE.

TOUT LE PROBLEME EST LA.

Aucune des objections énumérées ci-dessus ne suffit à justifier le refus des décisions prises sous Pie XII. Et prises toutes ensemble, elles ne suffisent pas non plus.

Les modifications par suppression décidées sous Pie XII, sont refusées parce que ce sont des suppressions (exemple jeûne de minuit) et les nouveautés sont refusées aussi parce que ce sont des nouveautés (exemple, la messe dialoguée relativement nouvelle). De toutes façons, toutes les modifications apportées sous Pie XII sont refusées, à cause de celles qui ont été prises après sa mort. La situation est bloquée.

Sans motif suffisant, choisir de ne pas obéir à une décision de l’Église est une faute qui relève du schisme. Il semble bien que nous nous trouvions dans ce cas.

 

 

 

Les effets du refus d’obéissance

 Offense au Saint-Esprit.

 

Dieu le Saint-Esprit a couvert de son autorité, donc de sa volonté, les décisions concernant la liturgie prises jusqu’en 1958. Or, le Saint-Esprit qui connaît l’avenir n’ignorait pas qu’une longue période de privation de son chef terrestre allait commencer pour l’Église. Peut-on penser un seul instant que le Saint-Esprit à la veille d’une si longue et difficile période, aurait doté son Église d’une liturgie défectueuse ? Ce serait admettre qu’un père peut « donner un scorpion » à son fils. Admettre que Dieu ne prend pas bien soin de nous. Remettre en cause la validité de l’engagement du Saint-Esprit lors des décisions de 1955 par exemple, constitue une faute contre la Foi, et une méconnaissance très blessante, envers Dieu, de la sollicitude qu’il a pour nous. Nous devons être certains que la liturgie de 1955, garantie par l’amour de Dieu pour nous, ne peut être mauvaise. Elle s’impose à nous au titre de la Charité.

Offense à l’Église et à la papauté.

 

Les sédévacantistes sont guettés par une tentation. A partir du constat que l’Église est malade, éclipsée, morte peut-être, invisible, absente, que le siège matériel de Pierre est occupé par un usurpateur, que l’autorité légitime a disparu, on perd l’habitude vertueuse de l’obéissance hiérarchique. Les sédévacantistes pensent facilement qu’il n’y a pas d’autorité entre eux et Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ils se sentent comme orphelins, livrés à eux-mêmes, mais aussi – et ce n’est peut-être pas complètement désagréable – assez libres de leurs actes.

 

Pourtant, l’Église n’est pas morte. Les « porte de l’enfer ne pouvant prévaloir sur elle », il est certain qu’elle échappe à la corruption et à la mort. En tout cas, aujourd’hui, pour nous, les deux mille ans d’Église sont là, avec leurs enseignements, leur sagesse, les sacrements toujours valides, la prière continuelle des Saints. C’est cela, notre héritage, notre vie. Nous devons le prendre en compte, ce bagage apporté à nous jusqu’à ce jour par l’Église grâce à la succession des Papes, y compris le dernier. C’est bien à l’Église, aux Papes, à tous les Papes, et particulièrement au dernier Pape, qu’il faut obéir, scrupuleusement, avec une détermination totale, comme des soldats défendant sans discuter la dernière position fixée et attendant les ordres. Car c’est ce que nous sommes, des soldats qui attendent les ordres.

Obéir à tous les Papes, sauf au dernier, c’est un coup porté en revers à l’autorité de l’Église, c’est-à-dire à l’Église elle-même.

Et désobéir volontairement à l’Église ne serait-ce que sur un point, un « grain d’encens », fait que l’on se sépare de l’Église. On peut alors continuer de vivre COMME l’Église, mais on n’est plus DE l’Église.

 

 Pie XII trahi par les siens.

On le sait, Pie XII a été et continue d’être terriblement attaqué par les ennemis du catholicisme. Les communistes, les francs-maçons, les nazis, qui furent ses ennemis avant, pendant et après la guerre, le sont toujours aujourd’hui bien après sa mort. Aujourd’hui encore, la maçonnerie et tous les misérables ramassis de gauche et de droite qui pourrissent la vie politique présentent de lui un personnage coupable contre l’humanité. Ils le combattent en salissant sa mémoire par les moyens les plus fourbes. Falsification de l’histoire et dénigrement systématiques sont mis en œuvre pour provoquer haine et mépris envers lui, et ce toujours aujourd’hui bien après les événements de la guerre et la mort de ce Pape.

 

Monseigneur Pacelli, défendit l’Église toute sa vie contre les adversaires de l’intérieur et de l’extérieur. Devenu Pape en 1939, il fut, en réalité, en première ligne depuis 1917, notamment en collaboration très étroite avec le pape Pie XI. Ce fut un géant de Foi, de Charité, de science religieuse, de caractère, de courage, de clairvoyance, de travail et d’abnégation. Sous les ors pontificaux, c’était un ascète. Il gouverna l’Église et préserva sa liberté à travers les cataclysmes du XXème siècle. Il a laissé un enseignement magnifique par ses encycliques. Pie XII est donc un très grand personnage. Le Saint Esprit ne s’est pas trompé ( ! ) en plaçant cet homme à cette époque à la tête de son Église.

Un pape est un père. Pie XII est notre dernier vrai père spirituel sur terre. Pour cette seule raison, nous devons manifester à sa mémoire une affection, un respect ainsi qu’un zèle d’obéissance particulièrement vifs. Nous devrions nous efforcer de le connaître, de connaître sa vie, le contexte de l’époque, comprendre sa personne, sa spiritualité, bien connaître l’œuvre qu’il a accomplie au service de L’Église et la prendre en relai pour autant que cela nous soit possible. Et apporter cette connaissance aux fidèles !

Or, il se produit le contraire. Ceux qui devraient avec la plus grande détermination défendre ce Pape se comportent comme ses ennemis. Voici ce qu’on peut lire : « Il fut peu efficace pour arrêter le mouvement [liturgique], mais au contraire le favorisa beaucoup par mollesse, faiblesse et négligence. ». Ce jugement téméraire et calomnieux envers le dernier Pape devra être réparé. Il n’est pas à l’honneur de son auteur. Car Pie XII n’a pas favorisé le mouvement liturgique dans sa partie dévoyée, il lui a résisté, au contraire. Il faudra bien démontrer la fausseté des accusations portées contre Pie XII, et il faudra que l’honneur de ce Pape soit rétabli un jour devant les fidèles et le public.

Parmi toute les mises en causes dont Pie XII fait l’objet, retenons l’offense consistant à confondre dans un même ensemble les décisions de Pie XII en matière de liturgie avec les manœuvres sous-terraines des démolisseurs de l’Église pendant la même période. On est allé jusqu’à l’accuser de tentation moderniste ! L’encyclique Mediator Dei (qui laisse le lecteur admiratif, « ça vole très haut ») précise tout à fait la pensée de Pie XII concernant la liturgie. Notre devoir est non pas de l’écarter, mais au contraire de l’étudier et de lui être aussi fidèles que possible toujours aujourd’hui. Il en est de même pour les décisions qui s’en sont suivies en 1955 en matière de liturgie. Bien qu’elles se trouvent écartées d’un revers de main, la politique et les réalisations de Pie XII forment un ensemble qui s’impose à nous, non seulement par sa valeur intrinsèque mais aussi et d’abord que parce qu’il porte la signature du chef de l’Église. Pie XII a laissé une position parfaitement nette, saine et praticable en ce domaine.

 

Atteinte aux Prêtres et aux Fidèles.

Les fidèles se trouvent entraînés dans cette faute qu’est le refus d’obéir, plus ou moins sciemment, plus ou moins volontairement, Dieu seul sait cela. Comme ils sont mis devant le fait accompli, le degré de leur responsabilité n’est pas mesurable humainement. Chacun vit cela dans son cœur, sous le regard de Dieu.

Aux yeux du fidèle, du fidèle normal, simple et confiant, la question du choix de la liturgie, à première vue, comme on la lui présente, ne soulève pas de problème particulier. Pour le fidèle, entre suivre la liturgie du triduum pascal de 1955, présentée comme peu souhaitable, et suivre celle de St Pie X, présentée comme exempte de tout reproche, il est juste de choisir celle qui parait la meilleure. Aux yeux du simple fidèle, il n’est pas étonnant, dans ces temps si troublés, en l’absence d’autorité pontificale, de devoir, et donc de pouvoir, choisir entre deux liturgies. Et donc, le fidèle, pris dans une avalanche d’arguments, accepte de bonne foi, les yeux fermés, de pratiquer la liturgie qui lui est présentée comme la meilleure.

Dans la situation présente de privation de messe (par exemple, à Paris, actuellement, il n’y a qu’une « bonne messe »), les fidèles se trouvent devant ce choix : soit accepter sans discuter de ne pas obéir aux dernières décisions l’Église, soit de se séparer de la dernière petite communauté religieuse qui reste, être privés de messe et vivre tout seuls leur religion. C’est un choix cruel, et, pour les nouveaux convertis, un choix qui risque d’être funeste à leur Foi naissante.

De plus, il y a là un excellent point de prise pour le démon. Celui-ci ne manquerait pas, à l’occasion d’un débat ouvert parmi les fidèles, de provoquer largement des doutes ainsi que des discordes, aboutissant à un saccage dans les âmes, surtout parmi les jeunes ou récents convertis. Il y a de bons fruits sur l’arbre. Il faut les préserver. Alors on voit que si l’ « epikie » était justifiée dans tout cette affaire, c’est bien là qu’elle se trouverait : ne pas s’opposer à une décision inéquitable devant Dieu, afin de ne pas risquer de nuire aux âmes ! Les fidèles sont, sans le savoir, dans une situation d’otages. Mais heureusement, si, en elle-même, la liturgie de Pie XII ne nuit pas aux âmes, il en est de même de celle de St Pie X, évidemment. Et comme on a choisi de ne pas obéir, comme les fidèles ne s’en sont presque pas rendu compte, comme il n’y a de mal nulle part sur le terrain, c’est fait, c’est fait, le tour est joué ! Il y aurait presque plus de mal à débattre publiquement que de s’incliner. Il faut bien continuer à vivre ! Cela rappelle aussi les agissements des modernistes eux-mêmes qui ont mis, un beau jour, tous les catholiques devant le fait accompli du funeste concile, puis, un autre beau jour, devant ses applications soi-disant obligatoires. Et il a bien fallu accepter, pour continuer à vivre… Les jeunes prêtres eux aussi, quelque part, sont otages de cette situation.

Le « petit troupeau » qui reste, on ne parvient même pas à le garder rassemblé et en paix. Des divisions touchent ce « petit reste » pourtant si petit qu’il n’y a presque plus rien à diviser. La confiance des fidèles dans ses pasteurs n’est pas honorée. La défense des chapelles passe, semble-t-il, avant celle des fidèles et avant celle de l’Église.

Quelle est la responsabilité des fidèles dans tout cela ? Et quelle est la responsabilité des responsables ? Dieu le sait.

 

Atteinte à la cause sédévacantiste.

Quel spectacle offrons-nous au monde catholique ?

Avec un certain recul, on voit que la trahison de l’Église par les modernistes, qui a éclaté dans les années 60, a pris le monde catholique largement par surprise. L’erreur (ou trahison) de la FSSPX qui lui emboîte le pas, fut plus grave (quoique touchant beaucoup moins de monde), car elle s’est produite beaucoup plus en connaissance de cause au point de vue théologique. Mais la trahison non una cum atteint des sommets : les champions de l’infaillibilité pontificale, mettent – DE FAIT – ce dogme de côté à la première occasion, ce dogme même qui est le centre de leur position !

Est-on tombé par faiblesse ? Sciemment ? Dieu le sait. En tout cas, on voit que le démon se sert des meilleurs pour réussir ses avancées. A l’imitation inversée de Notre Seigneur, le démon, d’un bien, tente de faire un mal. C’est ce qu’il réussit en poussant, par zèle catholique, les non una cum à la désobéissance.

Ce « gallicanisme transalpino-atlantique » par lequel se trouvent écartées avec désinvolture les dernières décisions importantes prises par l’Église, les jugements outrageants envers le dernier Saint Père, sont la marque d’un esprit de révolte bien connu dans l’histoire de l’Église. Voilà ce qui est offert en spectacle au monde catholique ! La chaîne d’obéissance filiale qui nous reliait au dernier Saint Père, la voici coupée ! Nous sommes coupés de l’Église. En situation de schisme !

Hélas ! Le sédévacantisme s’offre à l’incompréhension et à la moquerie générale. Les fidèles savent-ils que dire en famille, entre amis quand ils parlent de la position sédévacantiste ? Quelles méthodes, quels arguments d’apostolat leur fournit-on leur permettant de justifier cette cause ? Mais hélas ! La position sédévacantiste est tellement contradictoire qu’il est impossible de la faire comprendre.

Et comment se défendre devant les prêtres et les fidèles de la FSSPX ? Car finalement, entre eux et les non una cum il y a une grande similitude : les uns comme les autres refusent l’obéissance à celui qu’ils reconnaissent comme pape.

En cela, les champions de la vertu d’obéissance, ce seraient finalement les modernistes !..

 

 

Porte ouverte à d’autres abus.  

L’obéissance nous fait ressembler à Jésus et Marie, et elle est une vertu vitale pour l’âme. Inversement, l’esprit d’indépendance affaiblit la Foi et les coeurs. La désobéissance pousse sur un terreau d’orgueil présent au fond chacun. C’est de cela que naissent les hérésies et les schismes. S’autoriser à ne pas obéir, quand l’epikie ne s’impose pas, c’est marcher à grands pas dans le mauvais sens, le sens du « mauvais ». Et alors, le démon se frotte les mains.

Nous sommes dans ce cas. Le démon ne lâchera pas prise. De cette mauvaise racine de désobéissance d’autres rébellions sont à prévoir. Une première désobéissance ouvre inévitablement la voie à d’autres, qui ne feront pas de bien aux âmes ni à l’Église. En effet, un premier pas a été fait qui permet d’avance de remettre en cause n’importe quelle autre décision de l’Église, quand le besoin ou l’occasion se présenteront.

Quels prochains désastres se préparent ainsi ?

 

 

Supplique pour retourner à une situation catholique

Dans l’Église en ordre, lorsque des décisions importantes sont à prendre, des experts étudient la question, on prie, on se réunit, on prie encore, on examine le pour et le contre, on cherche l’accord, on décide avec prudence, on se soumet, on agit.

La décision de ne pas appliquer les modifications décidées par l’Église sous Pie XII, qui en est l’inspirateur ? De quelle réflexion résulte-t-elle ? S’est-on réuni, s’est-on concerté avant de l’appliquer ? A-t-on mené une étude approfondie ? A-t-on prié le Saint-Esprit ? Ce choix est-il justifié ? Est-il légitime ? Ne risque-t-il pas de constituer une faute envers Dieu ? Si ce risque existe, quel serait le degré de la faute ? Les fidèles ne risqueraient-ils pas d’y être entraînés ? Ces questions ont-elles été posées au préalable ?

Car les ouvrages, articles, conférences et entretiens sont largement traversés par un esprit d’irrespect envers Pie XII, de méconnaissance de l’action du Saint-Esprit, d’oubli de la soumission due à la papauté, et une attitude esprit systématique de doute.

Revenir sur une décision si grave demanderait une force d’humilité héroïque. Or, c’est justement ce qui fait défaut depuis l’origine. Par conséquent, à vue humaine, il n’y a pas espoir de retour. Il y faut donc un miracle.

Mais ayons surtout cette pensée terrible et réconfortante : combien on devient vulnérable en désobéissant à Dieu, mais combien l’on est solide dans l’obéissance !

Et combien serait plus efficace le « combat contre le modernisme » si l’on gardait l’idéal de défendre les positions de l’Église là-même où le dernier Saint Père les a portées ! Ce serait mieux que de courir se mettre à l’abri à l’arrière.

Contrairement à cette déclaration hallucinante terminant un article, « il n’y a pas à obéir », nous devons nous rattraper devant Dieu et retrouver le chemin de l’obéissance. Cette démarche douloureuse mais très noble est toujours possible.

 

 

 

Que faire.

 Le Bon Dieu a la patience de nous attendre, ne le faisons pas attendre.

  1. D’abord et continuellement, prier :
  • pour demander pardon ;
  • pour être éclairé ;
  • pour trouver la force de reconsidérer les mauvaises décisions.
  1. Étudier en profondeur la pensée de Pie XII en matière de liturgie, à partir de l’état du Mouvement liturgique lors de son élection, de ses encycliques et des décisions prises par l’Église sous son pontificat. On doit être prêt à reconnaître que les orientations, les changements, les interdits décidés sous Pie XII forment une ligne parfaitement défendable, et qu’il faut s’en tenir à elle et l’appliquer, ni plus ni moins, dans l’attente qu’un vrai pontife donné par Dieu change ce qu’il lui paraîtra bon.
  2. Réécrire correctement l’histoire du Mouvement Liturgique depuis Dom Guéranger jusqu’en 1958, en faisant état non seulement des minages souterrains dont il fut l’objet, mais aussi de ce qu’il voulut être dans l’esprit des pontifes jusqu’à Pie XII inclus.
  3. Exposer la situation aux fidèles et les impliquer.
  4. Restaurer la situation normale en mettant en œuvre concrètement dans tous les lieux de culte concernés, les décisions prises sous Pie XII en matière de liturgie.

« Il y a à obéir », certes, plus que jamais. Dieu en saura gré. Les fidèles, qui souffrent tant de des divisions entre les prêtres, en seront réconfortés. Ce sera justice envers le Saint Esprit. Cela réparera l’honneur de notre dernier bon Saint Père.

Il n’est pas normal qu’une simple fidèle, âgée, sans culture théologique et indigne de toute mission soit amenée à émettre semblable protestation. Elle en éprouve une grande confusion. Sa conscience en est soulagée, cependant.

Messeigneurs, Messieurs les Abbés, les Fidèles ont besoin de vous, ne les conduisez pas sur les chemins hasardeux. Vous ne perdrez rien de la confiance qu’ils vous portent en changeant d’avis et en faisant demi-tour. Revenez ! Que Notre-Dame de la Médaille miraculeuse veuille bien nous obtenir ce grand miracle !

 

Pour servir le Bon Dieu, par Notre-Dame, avec mes respects filiaux,

MJT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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